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 logo VDN    Edition du samedi 12 mai 2001

Wazemmes

En ouverture de la fête du Broquelet, Pierre Pierrard évoque le Lille du Second Empire
« Si Wazemmes n'existot point, on mourrot eud' chagrin »
photoLa fête du Broquelet, célébration du patrimoine et de la culture wazemmoise, a débuté mercredi soir, à la maison de quartier, par une conférence du professeur Pierre Pierrard sur le thème de « Lille et les Lillois au Second Empire, étudié sous l'oeil des chansonniers patoisants ». Un sujet auquel l'historien a consacré sa thèse de doctorat.
Devant une assistance abondante, Pierre Pierrard a ranimé le souvenir de ces auteurs méconnus, à l'exception notable de Charles Decottignies ou Alexandre Desrousseaux, l'auteur du Petit Quinquin. La plupart étaient d'origine ouvrière. Leur prose modeste, drôle, tendre et remarquablement expressive fournit un formidable témoignage sur la société de l'époque. « Les chansonniers abordaient plus volontiers certains thèmes comme les visites de l'empereur Napoléon III à Lille ou les guerres menées en Europe. Lille est en effet une ville où le sentiment national est très vivace depuis le siège autrichien de 1792, qui rattache affectivement la population à la France », rappelle l'historien. Ainsi, les chansonniers écrivaient en patois sur des airs connus. Leurs répertoires étaient bornés : certains thèmes, tels la politique ou la religion, étaient prohibés en vertu d'une censure toute puissante. Aussi, ils célébraient la vie quotidienne des Lillois. Les mariages, les fêtes populaires, la misère et la solidarité, mais pas de manière revendicative. On ne manquait pas non plus de broquarder « Parisiens et Muscadins », ce dernier terme désignant tout non-Lillois, voire toute personne n'étant pas d'origine ouvrière.

« Wazemmes, maîtresse infidèle ! »

Autre sujet de choix pour ces auteurs, l'agrandissement de Lille en 1858, aux dépens de communes environnantes, et notamment Wazemmes. Cette commune, devenue quartier, jouissait d'une réputation sulfureuse à l'époque. « Wazemmes est comm' eun maîtresse infidèle, qu'on est endiablé après elle. Et si eun' n'existot point, on mourrot tous eud' chagrin », racontait l'un des chansonniers de l'époque.
L'endroit était connu pour être un fief de la convivialité et de la fête, grâce à ses nombreuses guinguettes, au premier rang desquelles celle de la Nouvelle-Aventure. A l'emplacement actuel des halles couvertes convergeaient les Lillois, notamment lors de la fête du Broquelet. Hélas, en 1861, elle fut détruite au profit du marché, et ceci, de l'avis des spécialistes présents mercredi, afin de subvenir aux besoins d'une population sans cesse en augmentation. Une destruction pleurée par les chansonniers : « Ah j' le r'grett'rai toudis cheull' bielle Nouvielle Aventure... ch'étot là l'paradis ».
A l'issue de la conférence, Pierre Pierrard s'est longuement entretenu avec un public connaisseur et passionné par le sujet