Fête du Broquelet - Nord Eclair 10 mars 2001

C'était le 13 mai 1861. Le bal du Broquelet, au coeur de Wazemmes, résonne de ses derniers flons-flons. II se taira pendant 140 ans. Et va renaître le 13 mai prochain.

Dimitri Wazemsky, écrivain-voyageur du quartier, Dorian Dewaele, agent de développement de l'Association Wellouëj et Denis Cacheux feront ce qui leur plaît en ce mois de mai (ph P. Duhamel)

Ils le reconnaissent, les auteurs de cette belle initiative. L'épisode du Relax en octobre dernier les a motivés. Plus qu'une riposte, ils voient dans cet avatar de la vie nocturne lilloise (une descente de police pour cause de tapage nocturne dans un café chantant près de la place de la Nouvelle Aventure: la première en huit ans! ), L'occasion de donner un nouvel élan à leur quartier, ce Wazemmes si particulier. Citons ses marchés qui attirent au-delà des frontières, sa convivialité si attachante, ses habitants amoureux de leur quartier.

D'ailleurs, les nouveaux venus ne s'y trompent pas : jeunes couples à la recherche d'autre chose, cosmopolitisme à la flamande. Et l'on entend de plus en plus parler anglais dans les ruelles parfois étroites du quartier.

Un groupe spontané d'une trentaine de fans se penche sur la meilleure façon de mettre en valeur les atouts du quartier. Tout le monde tombe d'accord sur l'art de la dentelle, si vivace dans le Wazemmes du dix neuvième siècle, et, très vite, l'objet du broquelet devient signe de ralliement. Le broquelet? Un outil de dentellière, une pièce de bois (le plus souvent en buis) autour duquel le fil est enroulé. Dès lors, pourquoi ne pas faire revivre la fête du Broquelet ? Pendant la première moitié du siècle en question, elle a embelli le quotidien des habitants. Et, à l'instar d'autres événements, se tenait dans une "guinguette", en fait une grande et belle demeure construite par la famille Cordonnier et justement baptisée la " Nouvelle Aventure ". Les curieux se reporteront au petit tableau de François Watteau -le neveu du grand Watteau lui-méme- qui illustre l'atmosphère colorée d'une de ces fêtes sous le Directoire (1795-99) et qui est encore exposé au musée de l'Hospice comtesse. Autre curiosité, mais que l'on croisera moins: le célèbre chanteur Dick Annegarn n'habite plus du côté de la rue des Postes.

Wazemmes, comme Montmartre !
Denis Cacheux, comédien, chanteur, accordéoniste bien connu, l'un des amoureux du quartier et qui s'active dans plusieurs associations comme le club des ambassadeurs de Wazemmes, résume l'initiative : il ne s'agit pas seulement d'une simple évocation folklorique du passé, mais aussi d'un juste et urgent réenracinement dans un terreau gorgé de richesses ». Il est lyrique, cet ancien journaliste, qui s'est pris de passion pour "son"» quartier et qui n'a de cesse de cultiver l'esprit Gavroche de Wazemmes. Plus concrètement, il évoque carrément un parallèle avec Montmartre, le quartier mythique de Paris. D'ailleurs, pour paraphraser le célèbre dicton montmartrois: n'y aurait-il pas « plus de Wazemmes à Lille que de Lille à Wazemmes ».
Le mois de mai qui s'annonce risque d'être chaud. 13 mai, donc, fête du Broquelet. La place de la nouvelle aventure retrouvera alors ses oripeaux d'antan. Ensuite, le 24 mai. Jour de la Louche d'Or, véritable festival de soupes des six continents (le sixième, c'est Wazemtnes ! ), une idée originale portée par Attacafa, une association de programmation régionale de cultures du monde.

Ah oui! Un lillois (il est né dans la métropole lilloise) et un dunkerquois parrainent l'initiative de la fête du Broquelet: l'académicien Alain Decaux, ancien ministre, et l'écrivain Jacques Duquesne, qui fut patron de presse. Enfin, Denis Cacheux lance une souscription pour une nouvelle impression de Wazemmes de ma jeunesse, 1919-1939, un ouvrage signé jean Vindevogel et édité par lui-même.