WAZEMMES - LILLE du 9 au 13 mai 2001
Place de la Nouvelle Aventure
Regards et discutailles sur la ville et la vie. Géant et miniatures, artistes de rue, jeux, bal folk, solennités et utopies populaires sous la pluie
fête du Broquelet

Mémoire et Dentelle des Faubourgs

LE BILAN DE LA FETE
        - Rappel historique
        - Fréquentations et résultats par événements
        - Résultats par rapport aux objectifs principaux
        - A propos du bilan financier
        - Les risques à éviter
        - Conclusions partisanes

LE PROGRAMME

LA PRESSE

UN PEU D'HISTOIRE

HYMNE A WAZEMMES

IMAGES DE LA FETE

VENTE SOUVENIRS

PARTENAIRES

Afiiche signée Boucq


Sous le parrainage d'
Alain DECAUX et de Jacques DUQUESNE
avec la complicité de
François BOUCQ, Allain LEPREST,
Pierre PIERRARD, Omar YAGOUBI,
et des citoyens wazemmois d'Etat Civil et d'Etat d'Ame

 

140ème anniversaire du 13 mai 1861,
dernier bal des dentellières
à la Guinguette de la « Nouvelle Aventure"

photo Michel Spingler
Photo : Michel SPINGLER
Le 13 Mai 1861, avec le traditionnel Bal des Filtiers et des Dentellières, la Guinguette « La Nouvelle Aventure » de WAZEMMES célébrait son ultime Fête du Broquelet*.
      Après 100 ans de bons et joyeux services, l'établissement très couru du peuple lillois était démoli la même année 1861, laissant le nom de sa célèbre enseigne à l'actuelle place des marchés.
      
Le 13 mai 2001 célèbra donc le patrimoine de Wazemmes. Pas de vieilles pierres, mais des couleurs et du coeur. Sa citoyenneté, telle celle du VIEUX-MONTMARTRE, peut légitimement être revendiquée par tous les êtres épris de Partage, Ouverture et Belle-Humeur, résidents ou non de ce terreau humblement mythique. Terreau aussi fort, créatif et fragile que la Dentelle de Lille qui veut pouvoir exister. Mais cette citoyenneté-là se mérite !

(*)BROQUELET : En patois, petite broche et, aussi, petit fuseau de l'ouvrage des Dentellières
Voir une photo de broquelet (cliquer sur l'image) broquelets

Avec le soutien du Secrétariat d'Etat au Tourisme
de La Communauté Urbaine De Lille et de la Ville de Lille
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LE BILAN

RAPPEL HISTORIQUE
 

De la polémique à la fête:
    un réflexe citoyen

                       On le sait, tout a commencé par cette intervention policière déplacée, disproportionnée et pour tout dire abusive du 9 Octobre 2000 à Wazemmes.
                      Sous prétexte d'une plainte pour tapage nocturne justifiable mais pour le moins discutable,  et alors que tout se déroule calmement malgré les provocations appuyées de certains d'entre eux, une vingtaine d'agents provoquent une mémorable pagaille qui se solde par de très brutales interpellations.

                         En dépit d'une concordance de témoignages accablants, le Tribunal leur donnera finalement raison, au mois de Septembre 2001, désignant trois des éléments modérateurs"tabassés" comme.des agitateurs. Pas prêt d'être digéré!
                               Résultat objectif immédiat, le café "Le RELAX", dernière guinguette lilloise qui, sans jamais gêner aucun voisin, offrait depuis 8 ans son cadre débonnaire à une breughelienne fête dominicale de la Chanson et de la Musique vivantes, de la rencontre et de l'échange, modèle de ce foutu "Lien Social" du Loch Ness, ce Relax et ses actrices-acteurs résidents ou amoureux du quartier, donc, ont perdu depuis -outre quelques heures magiques de ses soirées bénies closes désormais à 23h, quelle tristesse!- un peu de son insouciance régénératrice et rassurante. "Tout fout l' camp", à petit feu.

  Secours d'urgence
    à une fertile fragilité

            - L'urgence est alors apparue à une poignée de témoins, wazemmois de cour, de brandir de façon retentissante la trame riche et complexe de ce quartier. Un quartier en passe à leurs yeux de perdre son âme populaire et artistique. Sous le feu conjugué de plans de cadrage et transformation de tous ordres, certes nécessaires mais apparaissant comme mus par des enjeux trop musclés et rectilignes au regard d' une fragilité qui, paradoxalement, fait la force et le charme de Wazemmes.

                Le Tout-Lille distingué et, déjà, le Tout-Europe du Nord  découvrent avec ravissement l'indéfinissable attrait populaire de ce quartier mi-canaille, mi-bohême. Ses marchés mêlent marchands de menthe à la sauvette, "vocaliseurs" de quatre-saisons, camelots, fripiers ou brocanteurs et une pittoresque faune artistique, En dégustant un nem après les safaris sur la place de la Nouvelle Aventure, on cherche un frisson incertain dans les rares vestiges du Vieux Wazemmes. Puis on traverse la désormais très chic rue Gambetta vers un pâtissier ou un traiteur d'une autre tenue -tout de même!- avant de regagner le 4 x 4 ou le mini-bus touristique, enivré de délicieuses sensations.
                A moins de 100 mètres de là, l'urbanisation galopante et ses effets co-latéraux effacent depuis quelques années méthodiquement et avec un discernement discutable et douloureux le substrat même de cette originalité si avidement recherchée. Même processus paradoxal que pour le Vieux Montmartre.et le Vieux Lille. En voulant s'approprier les murs et la culture d'un "village gaulois", on en chasse la chair et l'esprit dans les périphéries.

              - L'urgence aussi de reposer avec force une salve de questionnements avant virages irrémédiablement décisifs.

  L'ouvrage de la Dentelle
     comme emblème populaire

                    Le thème de la Dentelle de Lille s'est imposé tout naturellement. Suite à la découverte fortuite de la coïncidence du 140 ème anniversaire du dernier Bal de la Fête du Broquelet à la Guinguette de la Nouvelle Aventure de WAZEMMES, le 13 Mai 1861, avec le prochain 13 Mai de cette année 2001, entrée dans le millénaire. D'où la précipitation des demandes de soutien financier auprès des institutions.

                  La Dentelle de Lille, prestigieux objet de luxe, était produit, principalement au XVIIIème siècle, par quelque 16000 obscures ouvrières  dans des conditions d'exploitation impressionnantes , n'étant pas sans rappeler le scandale des "esclaves" délocalisés de notre époque.

                L'image même de la dentelle, humble ouvrage destiné au luxe des classes élevées et aussi symbole de l'inextricable et magnifique métissage des fils (.fil d'Egypte, au début.) est apparue idéalement comme l'emblème fort de cette fête de l'identité wazemmoise. Comme la simplicité et le sens de la fête de sa corporation laborieuse.

                 La constitution d'une commission "Wazemmes Qu'A Un Fil" au sein de la structure associative de la Compagnie Théâtrale "TANT QU'A FAIRE" s'est spontanément révélée logique par concordance d'objectifs, d'esprit et de méthodes.

                Depuis 85, cette petite compagnie professionnelle sise à Villeneuve d'Ascq a marqué sa complicité avec le quartier d'un enthousiasme sans équivoque,  à travers ses collaborations sans conditions avec le café-théâtre "le Biplan", le 1er Festival  "Wazemmes l'Accordéon" et  le "Relax" .Et notamment  par le biais du comédien Denis CACHEUX, son  animateur,  dans son  rôle de comédien, de concepteur d'évènements et, biensûr, de chanteur de rue avec Nadine POUILLY puis Anne CUVELIER. Les statuts  de la Compagnie visent à la  mise en valeur,  par le Jeu scénique et autres moyens artistiques,  des Vécus Quotidiens ordinaires, à l'intention de tous les publics, et plus particulièrement des plus démunis des codes culturels dominants.

  Plaisirs authentiques
    du sens et du questionnement

Il s'agissait, avant tout,

        1°) d'offrir du SENS et de la réflexion induite ou active tant aux artisans de cette manifestation qu'à ses visiteurs. D'éviter à tout prix le piège des fêtes ne flattant que les réflexes consommateurs,du style "Tendance-Délicieuse saveur d'antan",  "Teuf-Défonce-Après-nous-le-déluge" ou autre soupe racoleuse.

                                     Les ingrédients imparables pour réussir à coup sûr et sans risques une fête standarisée sont à la portée du moindre organisateur un peu futé: emprunter un thème pittoresque ne choquant aucun parti, acheter, si possible au rabais, et afficher à grand frais  du bon spectacle, s'offrir le concours d' une poignée d'associations locales en leur confiant  un rôle-hochet, le tout assorti d' un dispositif sonorisation puissant et donc imparable. Si de surcroît on est assis  sur un budget confortable, rien n'est plus simple!
                                     Loin de nous l'idée d'une telle fête. L'objectif de la commission "Wazemmes Qu'A Un Fil" était non pas de susciter la complaisance gratuite mais bien le plaisir responsabilisant.

                    2°) De faire découvrir la fertilité et la richesse des métissages populaires et artistiques favorisé par le tissu urbain et social du quartier et ses pratiques passées ou récentes.

                     3°) de faire que Wazemmes invite LILLE à se réconcilier avec son passé dentellier, témoin de traditions de savoir-faire et de vertus populaires en brisant la honteuse chape d'oubli et de silence ( peut-être voulue pour favoriser l'avènement d'une ville européenne moderne !?.).

Recette exigeante pour une Fête à la wazemmoise
Il avait été arrêté quelques incontournables cotes techniques pour favoriser le
PLAISIR, l'ECHANGE et la DECOUVERTE:

     1. Etablir un lien citoyen entre VIE USUELLE ACTUELLE et PASSEE
  
        du quartier dans son rapport à la région et à la ville, aux yeux du public,
                *donc éclairer et questionner l 'histoire de wazemmes,

     2. Célébrer les vertus du Vieux Wazemmes à travers la symbolique de la
        DENTELLE  et des "DINTELLIERES" de LILLE du XVIIIème siècle,
                *donc revigorer cette page marquante de l'histoire populaire.

     3. Maintenir à la manifestation des PROPORTIONS HUMAINES
         favorisant dans toutes ses phases le contact,
               *donc imposer coûte que coûte l'idée d'une fête de petite taille.

     4. ASSOCIER étroitement les POPULATIONS résidentes ou attachées au quartier,
               *donc appel aux autochtones, associations, unions commerciales
                 ainsi qu'aux habitués et amoureux de Wazemmes

    5. Garantir un SENS, une FORME et un CONTENU ARTISTIQUES
               *donc missionner des professionnels de réputation et compétences reconnues
                 pour la conception et une direction artistique originale et cohérente

    6. Veiller à la PERTINENCE CULTURELLE et à l'IMPERTINENCE FESTIVE 
             *donc, conjuguer la gravité et l'humour.

    7. Bannir dans cette optique toutes dérives techniques atteignant à la
             QUALITE d'ECOUTE et de RENCONTRE,
               *donc un minimum d'installations et de sonorisations sur la fête,

     8. ABOLIR  la sempiternelle et triste OBLIGATION de BEAU TEMPS,
                *donc prévoir une pétillante fête sous la pluie.

 

EVALUATION
 

             Bien évidemment, le chant des sirènes résonnait dans l'entourage -et au sein  même de la cellule de conception de la FETE DU BROQUELET-: la tentation était grande de recourir à la  recette de l'enfilage de perles d'animation efficacement consensuelle. Dénuée de questionnements et d'invitation au débat. On aurait pu alors servir une sorte de potage euphorisant, en somme. Tellement épicé d'exotisme que les interrogations sur les subtilités de fond en auraient été dissipées .
            Mais le cap initial a été coûte que coûte gardé. La Commission s'en est tenue lucidement  à l'orthodoxie de ses convictions premières. Et si la gestion financière a imposé un véritable gymkhana, le bénéfice moral, lui, s'est révélé sans conteste intéressant et prometteur.

 
FREQUENTATIONS et RESULTATS par évènement.

 Soixante personnes pour écouter Pierre PIERRARD.

  Trente-cinq passionnés de patois pour Raphaël BOUTRY.

  Quarante auditeurs fascinés par Michèle COUPEZ.

 Une quarantaine de participants au débat sur le PATRIMOINE WAZEMMOIS.

 Lecture-théâtre devant une trentaine d'amateurs.

 Une quinzaine d'inscriptions au Concours de Harangues et Boniments.

  Une quarantaine de passionnés à la causerie-Bistoule.

  Une centaine de visiteurs "dins l'cours".

 2 à 3000 personnes pour la Fête "à l'ancienne".

 Plus de cinq cent auditeurs pour la création de l'HYMNE A WAZEMMES.

 Pleine animation dans les cafés de la place. 

 Le "Biplan" bondé pour la chanson patoisante.

 Trois cents danseurs au bal folk.

 Effectifs complets pour les Ateliers de Dentelle.

 Expositions à l'hospice comtesse et à la Bibliothèque de Quartier.

 Communication. 

              Les artistes professionnels de l'équipe de base ont usé (au risque de les user!) de tous leurs réseaux de contacts en terme de Communication, n'hésitant pas de surcroît à s'investir physiquement dans des distribution de tracts commentée à plusieurs reprises, les dimanches au marché de Wazemmes, notamment. 
            Aucune concession n'a été consentie dans la conformité entre la forme et  le Sens. Ainsi, par exemple, la magnifique image "de marque" offerte par François BOUCQ a-t-elle choqué les principes de certains milieux. Elle exprimait pourtant, tant dans son style que son contenu sémiologique, l'exact message de notre démarche.
            La distribution de12000 tracts et de 500 affiches que les collectionneurs
avisés se sont littéralement arrachés, ajoutée à la large couverture médiatique régionale d'annonce et de compte-rendu ont, semble-t-il, conféré à cet événement un impact inversement proportionnel à la modestie de sa taille spatiale.
             Le patronage spontané de Radio FRANCE-BLEU-NORD assorti d'une grille d'information et d'annonce intense a sans conteste joué un rôle non négligeable dans le succès de la manifestation.

RESULTATS par rapport aux OBJECTIFS PRINCIPAUX.

            Nous reprenons ici chacun des points du cahier des charges établi dès le départ de l'aventure et exposés dans le tableau du haut.

1.  ...Eclairer et questionner l'histoire de Wazemmes.

            Il serait présomptueux de prétendre avoir rendu à l'occasion de cette modeste manifestation dignité et confiance au wazemmois d'Etat Civil et d'Etat d'Ame.

            Nous inscrivons ces secousses de consciences et bonnes consciences -même éphémères- dans la fonction citoyenne de notre démarche. Dans cette optique, le rôle d'aiguillon des artistes auprès des associations nous semble éclairant.  Et le travail de mise à jour et  de collecte de mémoire mené par le Club des Ambassadeurs de Wazemmes peut ainsi demeurer activité de pur loisir ou contribuer à l'implication des habitants dans la réflexion sur l'aménagement de leur quartier, comme ce fut le cas notoire, ici, tout en interpellant celles et ceux qui consomment du Wazemmes.

2.  ...revigorer l'histoire de la Dentelle et des "Dintellières"

           La création, dans les mois qui ont suivi la Fête du Broquelet, d'une Académie de Dentelle à Wazemmes, s'inscrit dans le fil même de nos semailles.

3.  ...une fête de petite taille

                       Sur ce point, nous pensons avoir tenu nos engagements d'offrir la redécouverte d'une fête, cousine des marchés tels ceux de Wazemmes, où la diversité et le foisonnement des échanges et des plaisirs ne sont pas gâchés-fatigués par la démesure qui entraîne leur propre étouffement et l'étourdissement tellement à la mode de nos jours.

4.  .associer les populations

 (-)            Nous devons pointer notre faiblesse -voire notre échec- sur ce point.

La brusquerie de notre démarche, due pour beaucoup aux délais et, par là, à l'effectif dérisoire de notre équipe de base, a beaucoup gêné la méthode et la qualité de nos rencontres.

                    Nous n'avons donc pas su éviter de sérieuses lacunes dans la sensibilisation des associations, unions commerciales et sans doute simples bénévoles potentiels.
                    Heureusement, des angles de pénétration déterminants nous ont été aménagés spontanément par les réseaux informels des cafés "Le Relax", "Le Va Zen", par WELLOUEJ, le Club des Ambassadeurs de Wazemmes, la Maison de Quartier, les Artistes du Cour, etc

5. .direction artistique originale  et cohérente

                          Nous nous devons d'insister particulièrement sur ce chapitre. Le niveau d'excellence auquel nous croyons sans  prétention avoir hissé d'un coup cette première Fête du Broquelet n'aurait pu être atteint sans la conjonction: bénévoles d'associations -  artistes professionnels.
                          Et c'est bien là qu'on retrouve la portée réelle de cette manifestation, puisant des ressorts d'intérêt profondément wazemmois mais aussi plus larges que le quartier lui-même: à la fois lillois, régionaux et universels.
                         Le montage de la Fête du Broquelet a été mené comme celui d'un spectacle d'accroche: dans le souci d'attirer, passionner, édifier et questionner les publics.

                           Pour cette première édition de la Fête du Broquelet,  ce sont les circonstances originelles ( débordements policiers et crainte d'un urbanisme outrancié) qui ont piqué au vif une poignée d'artistes motivés pour apporter un investissement conséquent à titre militant donc exceptionnellement gracieux.
                                  Ainsi s'est-il trouvé des Michèle COUPEZ, Dimitri WAZEMSKY, Bernard AGNIAS, Saskias HINRICHS, Mathilde LIEVIN, Claude VADASZ, etc pour mettre sur pied de la façon la plus inspirée qu'autorisaient les moyens et les délais cet impromptu wazemmois, sous la direction du comédien Denis CACHEUX.
                          Leur participation même a permis, par conséquence et connivence dictées par l'amitié et l'attachement à Wazemmes, d'obtenir l'engagement  inespéré de François BOUCQ, Michel SPINGLER, Alain LEPREST, Omar YAGOUBI, la BANDE à PAULO, le groupe MABIDON, la troupe théâtrale AZIMUT, Au COIN de la RUE, la fanfare POMPES et CIRCONSTANCES, etc

                         Mais il faut bien noter que:
                         -cet afflux d'investissements artistiques bénévoles ne pouvait se manifester que dans une dynamique d'urgence solidaire spécifique.

                        Les corporations artistiques sont, de loin, les plus sollicitées à titre bénévole. Pourquoi ?Peut-être en raison des légendes à la vie dure sur leur goût pour l'amour de l'Art et l'eau fraîche,  de la vie de "bohême"qui ne fait rêver que ceux qui en sont à l'abri.
                        Pourtant, la situation matérielle des artistes professionnels en général, quelque soit leur discipline, celle des Intermittents du Spectacle en particulier, très représentés à Wazemmes et dans sa mouvance, justement, est d'une extrême fragilité et subit aujourd'hui des menaces rarement atteintes.

                         -la forte présence artistique a stimulé de façon benefique les participants associatifs, parfois à leur corps défendant.

                       Les associations de bénévoles -même à but artistique déclaré- ne possèdent pas toujours la Science ni l'Art Infus ! Les manifestations comme la Fête du Broquelet offrent, avons-nous constaté une fois de plus, le terrain idéal aux deux parties pour ouvrer côte à côte; les bénévoles peuvent y trouver une occasion privilégiée de sensibilisation,  d'initiation et de formation, parfois un regain de motivation pour l'objet de leur association. Les artistes  professionnels bénéficient de la grande variété des expériences humaines et techniques des bénévoles associatifs.

                      La création d' un plein-temps et un mi-temps d'un mois pour des artistes (par exemple Spectacle et Arts Plastiques) assorti  d'un mi-temps de trois mois pour un administratif  ainsi que le paiement à leur juste prix des spectacles professionnels nous paraît indispensable au regard de la première expérience.
                        Car, en toute logique, en dehors des permanents salariés d'associations participantes, aucun professionnel ayant accepté de s'engager bénévolement n'est prêt, pour d'évidentes raisons de survie, à renouveler l'expérience.

6. ...qualité d'écoute et de rencontre

                    L'unanimité des réactions enthousiastes dès l'annonce, les semaines précédentes sous le marché couvert ou ailleurs, de l'absence de sonorisation sur le site de la fête nous a confirmé que notre choix d' OSER L'ACOUSTIQUE était juste.
                   Les musiciens affichaient plus de scepticisme. Ils ont vite changé d'avis en vérifiant par eux-mêmes sur "l' Tiot'Foire" que chaque univers musical n'empiétait pas sur d'autres qui le respectaient, le ravissement des badauds ( et leurs témoignages nombreux à ce sujet) en faisant foi.
                       Il est vrai qu'il a fallu -pour des raisons de "balance" avec la fanfare renforcée- concéder deux micros aux deux chanteurs solistes de l'Hymne à Wazemmes. Cela a été la seule concession compréhensible sur ce point.
                      Pour le reste, des codes et des procédures de transmissions visuelles ou par estafettes et agents de liaisons auraient du être déterminés afin d'éviter des retards de communication parfois pesants et préjudiciables au rythme pourtant bonhomme de la fête.

7.  ...fête sous la pluie

              Nous étions absolument déterminés à jouer de la pluie comme d'une composante essentielle de la fête. De l'intégrer au lieu de feindre d'ignorer comme la plupart des organisateurs les dégâts qu'elle pouvait aléatoirement causer sur les plan matériel et moral.
              De même que l'option ferme et définitive  pour l'acoustique, la simple annonce de ce parti pris (et l'inversion du sens habituel de l'Intempérie) a provoqué une réaction majoritaire d'adhésion et, au pire, d'amusement intrigué. Premier bénéfice avant l'enthousiasme suscité le jour de la fête par les arrosages au pulvérisateur après distribution de dizaines de parapluies au public.

             Soyons honnêtes, les dispositions matérielles pour parer au risque de détrempage en cas de vraie pluie étaient quasiment inexistantes, n'était-ce les petits chapiteaux et le podium couvert heureusement prêtés par la ville de Lille. Il est évident que ces problèmes devraient sérieusement être pris en compte dans une prochaine édition.
              Nous demeurons cependant persuadés que l'idée d'une fête sous la pluie doit être développée avec la philosophie annoncée de mutation du fatalisme en aubaine généreusement partagée et la déclinaison d'attractions adaptées. Il s'agit en somme de récupérer un inconvénient statistiquement fréquent pour en faire un avantage imparable.et réparable puisqu'on peut avantageusement le pallier. en arrosant. 

A  PROPOS  du  BILAN FINANCIER

                   Sur le bilan financier joint, on notera qu'au prix d'un jonglage savant et du sacrifice consenti par la communauté artistique professionnelle, nous sommes parvenu à concrétiser notre projet avec un budget minime en proportion de la portée de l'entreprise, la Cie TANT QU'A FAIRE s'étant engagée d'entrée à gérer les déficits prévisibles.
                   Grand merci pour  leur confiance aux institutions qui, en dépit de délais acrobatiques, nous ont suivis et ont ainsi permis d'inaugurer cet objet vivant d'expression festive original. Particulièrement au Secrétariat d'Etat au Tourisme  ainsi qu'à la ville de Lille pour son intelligente et réelle complicité et son surcroît d'aide technique non mesurée.

LES RISQUES A EVITER

                   Plusieurs récupérations se profilent avec insistance, dérives qui pourraient affaiblir son caractère original de la Fête du Broquelet et lui abolir ainsi son rôle de petite lumière populaire de résistance et de proposition citoyenne.

La dérive "associative".

                        Dans la dynamique de préparation et de réalisation de la Fête du Broquelet, le plus harmonieux investissement des associations du quartier qui le souhaitent doit être visé. Mais c'est bien là la fonction spécifique d'autres manifestations déjà existantes. Et il semble primordial d'éviter qu'en faisant du Broquelet une fête des associations de plus, le quartier ne compte plus que sur lui-même, donnant de son identité une image fausse de circulation quasi consanguine des idées et des énergies.

                       La Fête du Broquelet doit à tout prix demeurer la célébration du"grand"  Wazemmes. Celle d'un quartier doué du talent d'accueillir, d'héberger et de nourrir généreusement les rêves, utopies et créativités  d'individualités et communautés diverses en respectant tant bien que mal -et plutôt bien que mal- les différences. Elle doit, fidèle en cela à l'esprit "mai-tissé" de sa résurgence de 2001, rester absolument la fête des résidents et des amoureux de Wazemmes.

                             Pour favoriser la fédération de toutes les composantes de ce "grand" Wazemmes et lui apporter un style marquant et lisible, elle devrait donc idéalement être inspirée, animée et coordonnée par un artiste, chaque année différent, entourée d'une équipe mixte où siègeraient, évidemment, des responsables d'associations et des individus du quartier et attachés au quartier.

                           Ainsi certaines associations participantes  pourraient à coup sûr  y trouver chaque année l'occasion de s'inscrire avec un élan fort dans un cadre plus ouvert et plus exaltant que celui généralement offert dans leur habituelle pratique socio-culturelle purement locale. On imagine alors les bénéfices non négligeables que le degré d'exigence de cette démarche"bousculée"partagée avec des professionnels vers un large "tout-public" pourrait générer sur leur évolution.

La dérive commerciale.

                      Comme pour les retombées sur le développement associatif, les initiateurs de la Fête du Broquelet ont aussi rêvé à d'éventuelles incidences sur le commerce. Il est vrai que, sur ce sujet, le mépris souverain affiché par la principale Union Commerciale du quartier à l'égard d'une initiative artistico-populaire n'a pas permis de mesurer le bon fondement de nos vagues espoirs. En effet, seuls quelques audacieux pionniers nous ont fait confiance en apportant leur soutien (apport financier, repas et boissons ou marchandises offertes).
                       C'est d'une exploitation trop sélective de la thématique de la Dentelle que nous craignons un futur possible déséquilibre au détriment de son histoire sociale.
                       Des développements commerciaux tous naturels pourraient prendre la forme d'un salon de la Dentelle, du Vêtement (avec exposants et défilés de mode). Tout cela a été évoqué au sein de la commission dès le début du projet et, bien-entendu, après son premier succès.  On ne pourrait s'en réjouir que si une telle déclinaison, si elle se concrétisait, restait indépendante de la fête populaire et citoyenne dont la Dentelle doit n'être jamais que le prétexte, en mémoire de son passé populaire lillois de savoir-faire et de travail et de ses ponctuations festives à Wazemmes.

                                            

CONCLUSIONS PARTISANES
(.mais pas tant que ça.)

                     Qu'on le veuille ou non, Wazemmes continue à jouer un rôle unique de creuset fertile et d'intense rayonnement artistique et populaire pour la ville et pour la grande Région (inter-frontalière). L'attractivité touristique des marchés et des cafés de la place de la Nouvelle Aventure n'en est qu'un reflet dont les causes profondes et subtiles restent à analyser, ménager, sous peine de tarir la source, et à favoriser.
                    Mesures urbanistiques ou administratives coercitives, particulièrement dans la course-bousculade à l'Horizon 2004,  menaceraient le fragile équilibre du dynamisme créatif de ce terroir exemplaire de diversité, pluralité et générosité.
                    A force de contingenter et  réglementer les composantes et mouvances qui irriguent ce précieux bouillonnement alchimique (mondes des artistes, des associations, des courants de populations, des petits commerces, etc), à force de maintenir cloisonnés recherche sur la Mémoire de Quartier et regard présent sur son aménagement, de se préoccuper de sa normalisation sur fond de folklore,  on s'exposerait à très court terme à voir se déporter irrémédiablement en ordre dispersé vers d'autres zones plus hospitalière un foyer communautaire et créatif unique .dont la ville a besoin.
                   Comme ceux de Montmartre, les lendemains de Wazemmes chanteraient alors plus tourisme uniformisé et "sanisettes Decaux" que foisonnement généreux et voisinage coloré !
                    La culture au cordeau (cf. l'obstination unilatérale à raser les "cours", à couper l'usine LECLERC en deux par une voie piétonne dont la rectitude sentira tout sauf "la noisette" des petits chemins, la suggestion d'ouvrir un cinéma sous la halle du marché et de larges perspectives de percées-traversées vers le Sud.) semble foncer diamétralement et tête baissée à l'encontre de la culture de "village gaulois" du quartier, de son histoire et de ses envies...de son charme et. de sa portée sociale, économique et touristique non négligeable.  N'est-on pas en train de tuer une poule aux oufs d'or de "LIEN SOCIAL" ?
                    C'est dans une logique de résistance à la mort par étouffement de l'originalité du quartier qu'est née la Fête du Broquelet 2001. C'est dans cette optique citoyenne qu'elle a reçu ses premiers financements et soutiens matériels et moraux (cf. l'enthousiaste parrainage conjoint d'Alain DECAUX et Jacques DUQUESNE) pour une naissance à la symbolique date du 140ème anniversaire  du dernier Bal du Broquelet à la Guinguette de la NOUVELLE AVENTURE, le 13 mai 1861. C'est dans cette élan qu'elle a voulu marquer. C'est à cette aune qu'on doit estimer ses qualités et ses défauts.

                                                                                    Décembre 2001
                                                               Pour la commission Wazemmes Qu'A Un Fil
                                                        Le Directeur Artistique, Denis CACHEUX, comédien.

 

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